Cette étude musicologique aborde la musique pratiquée et écoutée par les Chiliens exilés à Montréal pendant la dictature (1973-1989), se concentrant sur l?histoire de la musique du point de vue des auditeurs. Quelles musiques participent à l?expérience d?exil et quel rôle accomplissent-elles? Comment les musiques accompagnent-elles le processus d?adaptation au pays d?accueil et comment aident-elles à construire un lien avec le pays d?origine? Ce sont quelques unes des questions qui ont guidé le développement de la recherche, dont la méthodologie est mixte et se concentre sur l?entrevue. Trois dimensions de l?histoire musicale y sont examinées. Premièrement, la contribution de la pratique musicale au mouvement de solidarité envers le peuple du Chili, notamment à travers la formation d?ensembles musicaux et l?organisation des peñas et des concerts. Deuxièmement, le rôle des musiques dans la construction d?une communauté culturelle chilienne, où différents discours sur l?identité nationale et politique sont négociés. Troisièmement, la présence des musiques dans les expériences individuelles d?exil, de déracinement et d?adaptation. Les genres de musique populaire les plus présents, soit la Nueva Canción Chilena et la Proyección Folclórica, ainsi que leurs enjeux des significations identitaires et politiques, font partie de la problématique du présent texte. La cueca, considérée la danse nationale, occupe aussi une place privilégiée de la discussion, due à la place importante qu'elle occupe dans la communauté chilienne de Montréal.